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Exposition Munaé : Belles Plantes

Par Marianne Lombardi, responsable du département des Publics du Munaé.

Présentation de l’exposition et des outils pégagogiques sur le site du MUNAÉ.

Le Musée national de l’Éducation conserve 32 modèles pédagogiques botaniques fabriqués en 1877 par le Docteur Louis Auzoux dans son usine normande de Saint-Aubin-d’Écrosville. Anciennement utilisés à des fins d’enseignement au sein du Lycée Corneille de Rouen, ils ont été donnés au
musée en 2007.

Représentations ingénieuses de la nature, ces pièces démontables en papier mâché sont remarquables par leur technique, leur esthétisme et le rôle pédagogique qu’elles ont joué dans la diffusion de l’enseignement des sciences.

Modèle en papier mâché du Dr Auzoux, 1877, Collection du Musée national de l’Éducation.

Complétée par des prêts prestigieux (les très belles pièces de l’ESPE de Paris, de l’Université de Montpellier, du Musée du Neubourg), cette collection de modèles végétaux est présentée pour la première fois dans son intégralité.

Une exposition liée à une importante campagne de restauration

Ces modèles sont en cours de restauration grâce à une souscription soutenue par la Fondation du patrimoine et la Société d’horticulture de Seine-Maritime qui ont permis à ce jour de récolter près de la moitié des fonds destinés à la restauration. Quinze modèles ont ainsi déjà pu être restaurés grâce à la générosité de particuliers, associations et
entreprises.

Louis Auzoux (1797-1880) : médecin et industriel

Comment représenter des éléments du corps humain, du monde animal ou végétal afin qu’un élève en saisisse l’organisation et le fonctionnement ? Au XIXe siècle, le Docteur Louis Auzoux apporte une réponse en mettant au point d’astucieux « modèles » 3D, entièrement démontables, dont il assure la diffusion en grand nombre et pour un coût modeste.

Muflier, modèle en papier mâché du Dr Auzoux, 1877, Collection du Musée national
de l’Éducation.
Muflier, modèle en papier mâché du Dr Auzoux, 1877, Collection du Musée national de l’Éducation.

Durant ses études de médecine, Louis Auzoux oriente ses recherches vers la création de moyens pédagogiques voués à la diffusion des sciences. Passionné d’anatomie, il se lance dans la représentation artificielle du corps humain et présente, en 1825, un mannequin complet en papier mâché, entièrement démontable. Il l’appelle modelé « clastique » (du grec “klastos” « briser, séparer »).

Face au succès du procédé, il fonde en 1828, à Saint-Aubin-d’Écrosville (Eure), une usine destinée à la fabrication et à la diffusion de ses modèles anatomiques. À partir des années 1860, il y produira aussi d’ingénieux modèles botaniques.

La technique de fabrication particulière qu’il met en œuvre, où chaque partie démontable est moulée dans une pâte à la fois solide et légère, lui permet de lancer une production semi-industrielle. Elle se distingue par la précision des détails et la finesse de la peinture appliquée à la main.

Ses modèles zoologiques et botaniques sont alors achetés dans le monde entier par des établissements scolaires, des sociétés savantes, des universités… À partir de 1980 ses modèles sont réalisés en résine. Son entreprise perdure, jusqu’en 2002.

La collection des modèles végétaux

Ces modèles très divers sont présentés dans l’exposition en catégories couramment utilisées au XIXe siècle : les plantes de la pharmacopée (belladone, consoude, if, etc.), les plantes d’ornement (muflier, chrysanthème, fuchsia, giroflée), les fruits de table (cerise, fraise, groseille, mûre), les plantes « sans fleurs » : mousse, champignons… Le visiteur découvre ainsi au cours de l’exposition les différentes façons d’enseigner la botanique (herbier, plantes réelles, dessins, modèles didactiques) et surtout l’histoire de l’enseignement de cette discipline.

Fuchsia, modèle en papier mâché du Dr Auzoux, 1877, Collection du Musée national
de l’Éducation.
Fuchsia, modèle en papier mâché du Dr Auzoux, 1877, Collection du Musée national de l’Éducation.

Au fil de l’exposition, le visiteur découvre les dénominations, classements et catégories qui ne sont plus, pour beaucoup, utilisés de nos jours, et le regard anthropocentré de cette discipline jusqu’à une époque récente (classement des plantes « utiles » ou « nuisibles » à l’Homme et à son industrie) etc.

Les modèles d’anatomie et de physiologie

Afin de réinsérer les modèles botaniques dans le contexte plus large de la production des Établissements Auzoux, la dernière partie de l’exposition présente des modèles humains et animaux qui ont fait le succès et la réputation de cette entreprise industrielle normande. Le spectaculaire « Grand écorché », modelé de 1,82 m, conservé à l’Université de Montpellier et classé Monument historique est le point d’orgue de cette salle. Récemment restauré il voyage pour la première fois.

Gland germé, modèle en papier mâché du Dr Auzoux, 1877, Collection du Musée national de l’Éducation.
Gland germé, modèle en papier mâché du Dr Auzoux, 1877, Collection du Musée national de l’Éducation.

Des outils pédagogiques

Dans le parcours d’exposition, une salle est dédiée aux plus jeunes avec des coloriages, des manipulations, des jeux autour des plantes et des ouvrages en libre accès.

Des fiches pédagogiques, réalisés par un professeur formateur, sont disponibles sur notre site internet : munae.fr

Une publication à découvrir

Belles plantes ! Modèles en papier mâché du Dr Auzoux , Johann-Günther Egginger, Canopé, 2018 – 5 euros (imprimé), ou 2,49 euros (PDF en ligne).
Pourquoi et comment enseigner la botanique ? À l’occasion de l’exposition « Belles plantes ! Modèles en papier mâché du Dr Auzoux » organisée au Musée national de l’Éducation, nous vous proposons de revenir sur l’histoire de l’enseignement de la botanique avec comme fil conducteur les très beaux modèles pédagogiques du Dr Auzoux.

Des journées d’études internationales

Les 6 et 7 février 2019, le Munaé organise à Rouen et au Neubourg deux journées d’études internationales « La botanique et ses objets d’enseignement ». Inscription et renseignements auprès de munae-reservation@reseau-canope.fr

Commissariat de l’exposition : Marianne Lombardi, Responsable du Département des Publics du Munae, assistée d’Anne Quillien, Chargée de conservation et de recherche au Munaé.

Commissariat scientifique de l’exposition : Johann-Günther Egginger, Maître de conférences en Biologie des organismes, laboratoire CREHS d’Arras, université d’Artois ; Marion Gouriveau, Doctorante en Conservation-Restauration et restauratrice, Bénédicte Percheron, Docteur en histoire ; Caroline Marchal et Ségolène Walle, Conservatrices-restauratrices d’arts graphiques.