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Affiche de l'exposition : Portraits de classe, portrait classe !

Du portrait intimiste au portrait de groupe, l’exposition “Portraits de classe, portrait classe !” donne à voir les évolutions de la photographie scolaire. Prolongation jusqu’au 30 septembre 2018.

A consulter, sur le site du Munae, Portraits de classe, portrait classe !

Une exposition du MUNAÉ sur la photographie scolaire

L’exposition présentée depuis le 10 juin 2017 jusqu’à la fin de l’année 2018, met à l’honneur un fonds remarquable de la collection du Musée national de l’Éducation : la collection de portraits scolaires, parmi les 390000 items de la collection de photographies, dont celui des photographes scolaires, Tourte et Petitin, David et Vallois, Pierre Petit, etc. Des années 1880 jusqu’à l’époque contemporaine, l’exposition-dossier examine le reportage scolaire jusqu’aux visions esthétiques d’artistes telles celles de Jullian Germain.

École primaire Michelet, rue Eau-de-Robec à Rouen, vers 1925, G. Ybert. MUNAE, inv. 2001.01508
École primaire Michelet, rue Eau-de-Robec à Rouen, vers 1925, G. Ybert. MUNAE, inv. 2001.01508

Pourtant, la photographie de classe oscille d’une manière paradoxale, entre un statut public montrant un groupe dans un contexte scolaire et le registre de l’intime, gardé précieusement dans les albums de famille. Si les attitudes sont le plus souvent sérieuses, le sujet photographié laisse aussi entrevoir des moments insolites, des flous, des détails inattendus qui donnent vie à l’exercice figé.

Les origines de ce genre photographique

La photographie scolaire se développe dès les années 1850, 1860, peu de temps après la mise au point de la technique photographique par Niepce et Daguerre en 1839. Les photographies ont lieu en extérieur, le temps de pose obligatoire est long, entraînant de fait, un flou, pour celui qui ne peut rester immobile plusieurs minutes (dans les années 1840), puis plusieurs secondes d’affilée (à partir des années 1850).
Mais le succès de la photographie scolaire se répand parallèlement à l’essor de l’école de la IIIe République à une époque où l’école républicaine, laïque, gratuite et obligatoire cherche à montrer les visages de son avenir. Ces images véhiculent un message symbolique fort, mettant en avant les infrastructures et bâtiments scolaires, mais aussi les groupes humains, les vêtements et les pratiques pédagogiques.

Élèves et professeurs prêts à réaliser des exercices à caractère industriel. École pratique d’Industrie (EPI), 5 rue des Emmurées à Rouen - 1921 (à l’emplacement de l’actuel Lycée Blaise-Pascal). MUNAE, inv. 1999.01126

Portraits de classes d’âge

Des années 1880 à l’après-guerre, les poses laissent entrevoir la fierté des maîtres et les attitudes sérieuses, voire figées des élèves. Alignés, les corps sont contraints, chacun devant adopter la même posture, bras le long du corps ou bras croisés. D’autres typologies s’inspirent des codes de la peinture en choisissant de faire poser les élèves auprès de leur enseignant assis, avec une nature morte de livres devant eux. Enfin, cette mise en avant de l’école est amplifiée par le phénomène des cartes postales. Celles-ci témoignent d’une fierté collective nationale liée au développement de l’instruction publique au sein des communes, objets populaires qui circulent et demeurent dans les familles.
Au tournant du siècle, jusqu’aux années 1940-1950, le portrait scolaire permet la mise en avant du groupe classe. Il devient un objet rituel, témoignant d’un rite de passage et d’intégration. Le succès est tel, avec des enjeux économiques réels pour les photographes privés, qu’une circulaire est établie en 1927 pour délimiter les contours de cette pratique commerciale au sein de l’école. Si les photographies sont faites en priorité à l’extérieur, dans la cour, ou dans le jardin, chacun cherche à se montrer sous son meilleur jour.

L’évolution technique de la photographie permet des mises en scènes renouvelées

La photographie à l’intérieur de la classe apparaît à partir de la fin des années 1930. Les élèves posent derrière les pupitres qui ont été pour l’occasion déplacés à la recherche d’une meilleure lumière et mise en scène. Mais il faut attendre l’après seconde guerre mondiale pour que le photographe suive les élèves jusque dans l’enceinte scolaire, sous un préau, dans une salle de sport ou dans la salle de classe. Les élèves derrière leurs pupitres, avec leur maître à l’arrière-plan constituent un leit-motiv des années 1960-1980. Il s’agit alors de valoriser le groupe, mais aussi les temps d’apprentissage. Ainsi, les dispositions de la salle de classe, pupitres alignés ou au contraire se faisant face, permettant le travail en groupe, en disent long sur les approches pédagogiques des maîtres. Le portrait de classe devient un témoignage de ces évolutions au même titre que les reportages scolaires réalisés par l’Institut pédagogique national.

Si le portrait de classe était resté pendant des décennies un exercice figé, la rupture de l’après-1968 casse les codes de l’institution scolaire, y compris dans le registre de la photographie scolaire. La grande nouveauté concerne le développement de la mixité filles/garçons, au sein d’une même classe, qui s’impose avec l’évolution des moeurs et la mise en place du collège unique à partir de 1975. Les élèves ont une grande liberté dans leur habillement, avec des tenues individualisées, aux couleurs pop et aux imprimés à la mode des années 1970. Un vent de liberté et d’amusement souffle dans les rangées d’élèves photographiés. Depuis ces dernières années, des établissements autorisent même, deux catégories de photographies, la pose sérieuse de la classe, souvenir et reflet d’un ordre scolaire et la pose décalée où les élèves aiment à se déguiser. Il s’agit alors pour l’École de se mettre en scène permettant de conserver une trace mémorielle de ce temps scolaire.

École maternelle des Gondoles - Choisy-le-Roy, vers 1945, Inv. Munaé 2000.02199
École maternelle des Gondoles - Choisy-le-Roy, vers 1945, Inv. Munaé 2000.02199